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En ce printemps 2015, lecture de « Bangladesh Rickshaw » sur les ondes tous les mercredis et dimanches
Entre de très belles parenthèses musicales, retrouver des extraits sélectionnés de « Bangladesh Rickshaw » (Editions Les 2 encres)
1h30 d'immersion dans les quartiers populaires de Dhaka et dans l’univers étourdissant des Compagnies de rickshaws...
ps : direct le mercredi de 19h30 à 21h00, rediffusion le dimanche de 16h30 à 18h00
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« (…) Nous nous engageons dans une ruelle, et nous sommes de plus en plus ballottés et malmenés. Au sol, ce n’est qu’une succession de trous et de bosses. Mattahab notre rickshaw-wallah, se dresse péniblement sur ses pédales au passage de chacune d’elles. Effort banal pour lui, sans doute. Nous longeons des box ouverts. Dans l’un d’eux, assis à une machine à coudre d’un autre temps, un vieil homme est appliqué à son travail, les yeux cachés derrière des verres épais. A deux pas, des gamins surpris par ma présence ici, ont leur regard qui s’illumine soudainement. Ils accourent vers nous, me lancent quelques mots, puis cavalent à nos cotés en riant.
Nous arrivons près d’un portail. Mattahab stoppe et descend de selle. Nous sautons à terre.
« - This is my Company !» me lance mon ami Mustaffa, fier et heureux de me présenter à ses compagnons de travail.
« - Hellooooo ! My friend ! » me lance l’un d’eux entre deux éclats de rire.
« - Balo acen ! Balo acen ! »
Les hommes sont agglutinés autour d’une cabane de bois montée dans la rue sur quelques pierres à deux pas du portail. C’est le tea-shop du quartier. Des sachets de biscuits et des régimes de bananes pendent, accrochés à l’avancée. A l’intérieur, un homme, à l’âge incertain, est assis en tailleur devant une petite caisse de métal. Il surveille le thé qui boue dans une casserole d’alu.
« - Drink tea ? » me lance-t-il.
« - Oh yes ! Yes ! I do ! »
Le tenancier verse le thé dans deux petits verres, ajoute dans chacun une cuillérée de lait concentré et nous tend nos chaï. C’est comme ça qu’on le fait ici au Bangladesh me dit Mustaffa.
Des clients se lèvent aussitôt de leur banc et nous invitent avec mon compagnon à prendre place. Je m’assois, mon verre en main, et je scrute, à gauche, à droite, devant, derrière. Je n’entends plus. C’est silence. Je découvre. J’y suis donc alors, au milieu des rickshaw-wallahs. Depuis le temps. (…) »
Bangladesh Rickshaw Edition Les 2 Encres
(extrait – tous droits réservés)
Référence critique :
http://ecrivains-voyageurs.blogspot.fr/2012/03/jai-lu-bangladesh-rickshaw-de-jean.html
http://carfree.fr/index.php/2012/09/05/bangladesh-rickshaw/
Ils sont conducteurs de rickshaws. Ils font l’un des métiers les plus pénibles qu’il soit, les plus pénibles au monde. Ce sont des hommes, des adolescents même parfois qui se sacrifient pour leur famille, pour les leurs, dans un travail épuisant. Pour que leur femme leurs enfants leurs parents puissent se nourrir, se loger, se vêtir, pour que leurs enfants puissent aller à l’école, ils n’ont eu d’autres choix que d’accepter ce travail harassant. Ils sont devenus conducteurs de rickshaws. Ils sont Rickshaw-Wallahs.
Après différents voyages sur le sous-continent indien, j'ai éprouvé un jour au détour d’un souvenir l’envie d'y retourner pour aller à la rencontre de ces humbles Rickshaw-Wallahs découvrir et partager leur condition de vie, des Rickshaw-Wallahs que j’avais pourtant croisés maintes fois certes au cours de mes précédentes escapades, mais que je connaissais si peu. J’ai voulu aussi à ma façon leur rendre simplement un hommage.
J’ai débarqué en octobre 2008 au Bangladesh, à Dhaka, la capitale emblématique des rickshaws si il y en avait une (1), avec en main les coordonnées de Mustaffa, paysan devenu Rickshaw-Wallah. Avec lui, j’ai plongé dans les quartiers populaires de banlieue et me suis immergé aussitôt dans l’univers étourdissant des compagnies de rickshaws… J’ai ensuite acheté un vélo-taxi pour appréhender plus encore leur quotidien et je suis parti seul au guidon de mon tricycle sur les routes du pays, avant de poursuivre mon voyage en Inde…4200 kms parcourus au guidon de Milou (2) à travers le Bangladesh, puis l’Inde, en cherchant à aller au contact des Rickshaw-Wallahs. Une aventure de six mois, d'octobre 2008 à mars 2009, qui m’a permis d’entrapercevoir leurs conditions de vie. Une aventure faite de mille rencontres, relayée par les médias locaux pour qui ce voyage est devenu un prétexte pour évoquer les conditions de vie des Rickshaw-Wallahs et donner la parole à ces hommes habituellement oubliés de l’actualité.
Je vous invite à parcourir ce blog. Vous partagerez la vie des Rickshaw-Wallahs telle que je l’ai vécue, vous découvrirez leur quotidien (rubriques 2, 3 et 4 ). Et de me dire alors que pourquoi pas, parmi des lecteurs, des lectrices, des « vocations » d’entraide à l’égard de ces hommes, de ces adolescents, ou simplement, des regards nouveaux portés sur eux, peuvent peut-être se profiler à la lecture de ces quelques lignes. Vous découvrirez aussi « l’esprit » de ce périple (rubrique 5). Vous suivrez la préparation de ce voyage (rubriques 6 et « les a-cotés du voyage »). Vous partirez au Bangladesh puis en Inde (rubriques 7, 8, 9 et 10). Vous découvrirez les travaux des élèves de la classe 5èmeD Bilangue de Collège Pierre Grange à Albertville qui ont suivi ce périple via le net, des travaux inspirés par ce voyage (rubrique 11).
Je vous invite à témoigner sur ce blog de vos propres rencontres avec les Rickshaw-Wallahs, des hommes qui vous ont sans doute ébahi par leur courage, leur dignité, leur abnégation (rubriques 3 et 4 ).
Je vous invite à découvrir les suites vers lesquelles cette aventure me conduit. Vous savez, dans le prolongement de ce qu'écrivait Nicolas Bouvier, "on croit qu'on va faire un voyage..." A découvrir la suite de l'aventure à la rubrique 13...
Enfin, ce blog peut bien entendu s’associer à toute autre action initiée en faveur des Rickshaw-Wallahs pour en devenir un support de communication complémentaire. C’est aussi là le sens de ce blog.
Bonne lecture
Jean-Louis
(1) : on estime le nombre de rickshaws à Dhaka entre 400 000 et 600 000. Leur nombre exact est inconnu, la plupart d’entre eux circulant sans licence officielle d’exploitation. En effet, moins de 100 000 licences ont été attribuées par les autorités.
(2) : Milou, nom du rickshaw. Nom donné par les élèves de la classe 5èmeD Bilangue du Collège Pierre Grange à Albertville qui ont suivi le voyage via le net. Vous pouviez retrouvez Milou à Pahar Ganj Main Bazar (Delhi) aux abords du Impérial Cinema et du Metropolis. Mais Muna, rickshaw wallah à qui j’avais confié Milou s'est fait dérobé son bien quelques mois plus tard… Banalité…
« (…) Durisnam a vingt ans. Il y a dix ans, un ami de la famille est allé le chercher chez lui, dans son village près de Mymensingh, et l’a ramené ici dans cette company. L’homme leur avait parlé d’un Eden à Dhaka, et d’un job aussi, celui de rickshaw-wallah. Durisman se souvient très bien de ses premiers tours de roue au guidon de son rickshaw. Il avait dix ans, et arrivant de sa campagne, il était fasciné, il est vrai, par la grande ville qu’il découvrait à chaque course et les takas qui tombaient si vite. Tout semblait féerique ces premières heures. Cela a duré un jour, peut-être deux. Et puis voilà, au bout de trois, son corps, ses muscles se sont faits douloureux. L’émerveillement de la ville ne suffisait plus. Ses courbatures, qu’il n’entendait pas pris qu’il était dans l’hypnotisme de Dhaka, elles étaient bel et bien là. Il fallait s’endormir avec. Se réveiller sans, c’était bien. Il avait dix ans. Il avait dix ans, et il dormait déjà là haut sur ce plancher de bois, nous dit-il, en nous montrant le dortoir. Il en a vingt maintenant. Avec tout ça, il n’est jamais allé à l’école. Il sait écrire son nom. C’est déjà bien. Il bosse de sept à onze heures, et de quatorze à dix-neuf, pour trois cents à cinq cents takas. Ça dépend des jours, des clients aussi, de ceux qui paient, et de ceux qui ne veulent pas payer. Parce qu’un rickshaw-wallah, ça n’a pas à décider des tarifs. Des usagers le perçoivent ainsi, et en dépit du prix convenu au départ de la course, ils sont nombreux à ne pas tenir promesse et à payer moins, si toutefois ils paient. Que faire ? En venir aux mains ? Des policiers s’approcheront peut-être ? Et puis alors ? Qu’est-ce que ça changera ?
A ces sommes, il faut retirer la location du rickshaw, moins quatre-vingt takas(1), et les repas du jour, moins soixante-dix takas. Alors que reste-t-il ? L’incertitude d’un lendemain.(…) »
(1) 1 euros = 96 takas (nov 2008) / 1 euros = 107 takas (avril 2012)
Bangladesh Rickshaw Edition Les 2 Encres
(extrait – tous droits réservés)
Référence critique :
http://ecrivains-voyageurs.blogspot.fr/2012/03/jai-lu-bangladesh-rickshaw-de-jean.html
http://carfree.fr/index.php/2012/09/05/bangladesh-rickshaw/
Le projet aujourd’hui :
voir rubrique 13. « Retour à Dhaka … »
A votre disposition pour revivre l’aventure :
voir rubrique 12
Consultez le voyage sur ARTE
http://www.dailymotion.com/video/xp4o6y_l-autre-visage-du-bangladesh-2-2
(à 6mns 45 de 43.04)
Consultez le voyage sur YOUTUBE
https://www.youtube.com/watch?v=l_31PT6tKMA