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  • : carnet-rickshaw
  • : Blog consacré aux Rickshaw Wallahs et relayant un voyage Dhaka-Delhi à vélo-rickshaw (oct 2008-mars 2009)
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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 23:58

MAINTENANCE  DU SITE EN COURS

                     °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

En ce printemps 2015, lecture de « Bangladesh Rickshaw » sur les ondes tous les mercredis et dimanches

Entre de très belles parenthèses musicales, retrouver des extraits sélectionnés de « Bangladesh Rickshaw » (Editions Les 2 encres) sur Radio Grésivaudan (ou sur le web en téléchargeant) : 

http://www.radio-gresivaudan.org/Parfums-Exotiques.html

1h30 d'immersion dans les quartiers populaires de Dhaka et dans l’univers étourdissant des Compagnies de rickshaws...

1h30 d'immersion dans un Bangladesh bouillonnant, surprenant, loin des clichés qui lui collent à la peau...

ps : direct le mercredi de 19h30 à 21h00, rediffusion le dimanche de 16h30 à 18h00

 

                     °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

« (…) Nous nous engageons dans une ruelle, et nous sommes de plus en plus ballottés et malmenés. Au sol, ce n’est qu’une succession de trous et de bosses. Mattahab notre rickshaw-wallah, se dresse péniblement sur ses pédales au passage de chacune d’elles. Effort banal pour lui, sans doute. Nous longeons des box ouverts. Dans l’un d’eux, assis à une machine à coudre d’un autre temps, un vieil homme est appliqué à son travail, les yeux cachés derrière des verres épais. A deux pas, des gamins surpris par ma présence ici, ont leur regard qui s’illumine soudainement. Ils accourent vers nous, me lancent quelques mots, puis cavalent à nos cotés en riant.

Nous arrivons près d’un portail. Mattahab stoppe et descend de selle. Nous sautons à terre.

« - This is my Company !» me lance mon ami Mustaffa, fier et heureux de me présenter à ses compagnons de travail.

« - Hellooooo ! My friend ! »  me lance l’un d’eux entre deux éclats de rire.

« - Balo acen ! Balo acen ! »

Les hommes sont agglutinés autour d’une cabane de bois montée dans la rue sur quelques pierres à deux pas du portail. C’est le tea-shop du quartier. Des sachets de biscuits et des régimes de bananes pendent, accrochés à l’avancée. A l’intérieur, un homme, à l’âge incertain, est assis en tailleur devant une petite caisse de métal. Il surveille le thé qui boue dans une casserole d’alu.

« - Drink tea ? » me lance-t-il. 

« - Oh yes ! Yes ! I do ! »

Le tenancier verse le thé dans deux petits verres, ajoute dans chacun une cuillérée de lait concentré et nous tend nos chaï. C’est comme ça qu’on le fait ici au Bangladesh me dit Mustaffa.

Des clients se lèvent aussitôt de leur banc et nous invitent avec mon compagnon à prendre place. Je m’assois, mon verre en main, et je scrute, à gauche, à droite, devant, derrière. Je n’entends plus. C’est silence. Je découvre. J’y suis donc alors, au milieu des rickshaw-wallahs. Depuis le temps. (…) »

Bangladesh Rickshaw Edition Les 2 Encres

(extrait – tous droits réservés) 

 

Référence critique :

http://ecrivains-voyageurs.blogspot.fr/2012/03/jai-lu-bangladesh-rickshaw-de-jean.html

http://carfree.fr/index.php/2012/09/05/bangladesh-rickshaw/    

 

 

Ils sont conducteurs de rickshaws. Ils font l’un des métiers les plus pénibles qu’il soit, les plus pénibles au monde. Ce sont des hommes, des adolescents même parfois qui se sacrifient pour leur famille, pour les leurs, dans un travail épuisant. Pour que leur femme leurs enfants leurs parents puissent se nourrir, se loger, se vêtir, pour que leurs enfants puissent aller à l’école, ils n’ont eu d’autres choix que d’accepter ce travail harassant. Ils sont devenus conducteurs de rickshaws. Ils sont Rickshaw-Wallahs. 

 

Après différents voyages sur le sous-continent indien, j'ai éprouvé un jour au détour d’un souvenir l’envie d'y retourner pour aller à la rencontre de ces humbles Rickshaw-Wallahs découvrir et partager leur condition de vie, des Rickshaw-Wallahs que j’avais pourtant croisés maintes fois certes au cours de mes précédentes escapades, mais que je connaissais si peu. J’ai voulu aussi à ma façon leur rendre simplement un hommage.

 

J’ai débarqué en octobre 2008 au Bangladesh, à Dhaka, la capitale emblématique des rickshaws si il y en avait une (1), avec en main les coordonnées de Mustaffa, paysan devenu Rickshaw-Wallah. Avec lui, j’ai plongé dans les quartiers populaires de banlieue et me suis immergé aussitôt dans l’univers étourdissant des compagnies de rickshaws… J’ai ensuite acheté un vélo-taxi pour appréhender plus encore leur quotidien et je suis parti seul au guidon de mon tricycle sur les routes du pays, avant de poursuivre mon voyage en Inde…4200 kms parcourus au guidon de Milou (2) à travers le Bangladesh, puis l’Inde, en cherchant à aller au contact des Rickshaw-Wallahs. Une aventure de six mois, d'octobre 2008 à mars 2009, qui m’a permis d’entrapercevoir leurs conditions de vie. Une aventure faite de mille rencontres, relayée par les médias locaux pour qui ce voyage est devenu un prétexte pour évoquer les conditions de vie des Rickshaw-Wallahs et donner la parole à ces hommes habituellement oubliés de l’actualité. 

 

Je vous invite à parcourir ce blog. Vous partagerez la vie des Rickshaw-Wallahs telle que je l’ai vécue, vous découvrirez leur quotidien (rubriques 2, 3 et 4 ). Et de me dire alors que pourquoi pas, parmi des lecteurs, des lectrices, des « vocations » d’entraide à l’égard de ces hommes, de ces adolescents, ou simplement, des regards nouveaux portés sur eux, peuvent peut-être se profiler à la lecture de ces quelques lignes. Vous découvrirez aussi « l’esprit » de ce périple (rubrique 5). Vous suivrez la préparation de ce voyage (rubriques 6 et « les a-cotés du voyage »). Vous partirez au Bangladesh puis en Inde (rubriques 7, 8, 9 et 10). Vous découvrirez les travaux des élèves de la classe 5èmeD Bilangue de Collège Pierre Grange à Albertville qui ont suivi ce périple via le net, des travaux inspirés par ce voyage (rubrique 11).   

 

Je vous invite à témoigner sur ce blog de vos propres rencontres avec les Rickshaw-Wallahs, des hommes qui vous ont sans doute ébahi par leur courage, leur dignité, leur abnégation (rubriques 3 et 4 ).  

 

Je vous invite à découvrir les suites vers lesquelles cette aventure me conduit. Vous savez, dans le prolongement de ce qu'écrivait Nicolas Bouvier, "on croit qu'on va faire un voyage..." A découvrir la suite de l'aventure à la rubrique 13... 

 

Enfin, ce blog peut bien entendu s’associer à toute autre action initiée en faveur des Rickshaw-Wallahs pour en devenir un support de communication complémentaire. C’est aussi là le sens de ce blog.  

 

Bonne lecture  

 

Jean-Louis    

 

(1) : on estime le nombre de rickshaws à Dhaka entre 400 000 et 600 000. Leur nombre exact est inconnu, la plupart d’entre eux circulant sans licence officielle d’exploitation. En effet, moins de 100 000 licences ont été attribuées par les autorités.

 

(2) : Milou, nom du rickshaw. Nom donné par les élèves de la classe 5èmeD Bilangue du Collège Pierre Grange à Albertville qui ont suivi le voyage via le net. Vous pouviez retrouvez Milou à Pahar Ganj Main Bazar (Delhi) aux abords du Impérial Cinema et du Metropolis. Mais Muna, rickshaw wallah à qui j’avais confié Milou s'est fait dérobé son bien quelques mois plus tard… Banalité… 

 

 

 

« (…) Durisnam a vingt ans. Il y a dix ans, un ami de la famille est allé le chercher chez lui, dans son village près de Mymensingh, et l’a ramené ici dans cette company. L’homme leur avait parlé d’un Eden à Dhaka, et d’un job aussi, celui de rickshaw-wallah. Durisman se souvient très bien de ses premiers tours de roue au guidon de son rickshaw. Il avait dix ans, et arrivant de sa campagne, il était fasciné, il est vrai, par la grande ville qu’il découvrait à chaque course et les takas qui tombaient si vite. Tout semblait féerique ces premières heures. Cela a duré un jour, peut-être deux. Et puis voilà, au bout de trois, son corps, ses muscles se sont faits douloureux. L’émerveillement de la ville ne suffisait plus. Ses courbatures, qu’il n’entendait pas pris qu’il était dans l’hypnotisme de Dhaka, elles étaient bel et bien là. Il fallait s’endormir avec. Se réveiller sans, c’était bien. Il avait dix ans. Il avait dix ans, et il dormait déjà là haut sur ce plancher de bois, nous dit-il, en nous montrant le dortoir. Il en a vingt maintenant. Avec tout ça, il n’est jamais allé à l’école. Il sait écrire son nom. C’est déjà bien. Il bosse de sept à onze heures, et de quatorze à dix-neuf, pour trois cents à cinq cents takas. Ça dépend des jours, des clients aussi, de ceux qui paient, et de ceux qui ne veulent pas payer. Parce qu’un rickshaw-wallah, ça n’a pas à décider des tarifs. Des usagers le perçoivent ainsi, et en dépit du prix convenu au départ de la course, ils sont nombreux à ne pas tenir promesse et à payer moins, si toutefois ils paient. Que faire ? En venir aux mains ? Des policiers s’approcheront peut-être ? Et puis alors ? Qu’est-ce que ça changera ?

A ces sommes, il faut retirer la location du rickshaw, moins quatre-vingt takas(1), et les repas du jour, moins soixante-dix takas. Alors que reste-t-il ? L’incertitude d’un lendemain.(…) »

(1) 1 euros = 96 takas (nov 2008) / 1 euros = 107 takas (avril 2012)

Bangladesh Rickshaw Edition Les 2 Encres

(extrait – tous droits réservés) 

 

Référence critique :

http://ecrivains-voyageurs.blogspot.fr/2012/03/jai-lu-bangladesh-rickshaw-de-jean.html

http://carfree.fr/index.php/2012/09/05/bangladesh-rickshaw/  

 

 

 Le projet aujourd’hui :

voir rubrique 13. « Retour à Dhaka … »  

 

 

A votre disposition pour revivre l’aventure :

voir  rubrique 12

 

 

 

Consultez le voyage sur ARTE

http://www.dailymotion.com/video/xp4o6y_l-autre-visage-du-bangladesh-2-2

(à 6mns 45 de 43.04)

 

Consultez le voyage sur YOUTUBE

https://www.youtube.com/watch?v=l_31PT6tKMA

 

 

                 


 

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Published by jean-louis - dans 1 Accueil
30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 23:59

Vous partagerez ici la vie des Rickshaw-Wallahs telle que je l’ai vécue, telle qu'ils me l'ont racontée. Vous découvrirez ainsi leur quotidien, leurs conditions de vie.
Vous les rencontrerez
d'abord au Bangladesh,
(http://www.carnet-rickshaw.com/2-categorie-10094837.html) 
ensuite en Inde
(http://www.carnet-rickshaw.com/3-categorie-10094837.html)

Jean-Louis

ps: il s’agit là seulement d’informations recueillies au cours de mon voyage, sans aucune autre prétention. Ce n’est là nullement le fruit d’un travail d’enquête. 
  

 

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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 23:57
Quand on a fait le deuil de sa vie au village parce que les récoltes des champs ne subviennent plus au besoin de son foyer,
quand on s’est résigné à quitter les siens parce que les produits de la pêche quotidienne ne permettaient plus à sa famille de s’en sortir,
quand on ne peut plus vivre des produits de la riziculture desquels on vivait jusqu’ à présent, parce que l’eau salée rentrant toujours plus en avant dans les terres et toujours plus profond dans les nappes phréatiques (suite au réchauffement climatique entre autre), altère la production,
quand il ne reste plus que l’illusion d’ aller à la ville pour un avenir meilleur,
quand on ne sait ni lire ni écrire parce qu’on n’a pas eu la chance d’avoir pu aller à l’école, qu’on ne pense pas pouvoir être capable de faire autre chose,
alors le travail de Rickshaw-Wallah apparaît comme le travail le plus abordable, le plus réalisable, le plus simple peut-être.
….
Et en dehors même d’apparaître comme le travail le plus simple, le plus abordable, le plus réalisable,
quand on n’a pas le choix, 
quand on n’a plus le choix,
pour nourrir les siens,
il reste toujours ça, le travail de Rickshaw-Wallah,  .
...
Vu de l’extérieur, il « suffit » de pédaler,
     carnetrickshaw-rick2.jpg 
Il « suffit » de pédaler, quand il fait 40° et une chaleur étouffante,
il « suffit » de pédaler, quand l’atmosphère polluée devient irritable et proprement irrespirable,
il « suffit » de pédaler quand il pleut des trombes d’eaux,
il « suffit » de pédaler et de se frayer un chemin au milieu d’une circulation effrayante où l’unique règle est la règle du plus fort, au milieu des camions, des bus et des voitures qui ont toujours raison face aux rickshaws,
il « suffit » de pédaler en se convaincant que les accidents de rickshaws qui se comptent par centaines, ce n’est que pour les autres.
Bien sûr, dès les premières courses, ces hommes, ces adolescents parfois, prendront de plein fouet la pénibilité de leur travail. Ils prendront parfois des malaises dès les premières centaines de mètres parcourues. Mais n’ayant pas d’autre choix, ils feront quand même le travail.
Ils seront Rickshaw Wallahs...

Jean-Louis

carnetrickshaw-signature-symbole.jpg
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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 00:02

A Dhaka, on estime le nombre de rickshaws à 200 000, chiffre « officiel ». Certains parlent de 400 000, d’autres de 500 000. Leur nombre exact est inconnu car nombreux sont ceux qui exercent sans licence d’exploitation. Les rickshaws sont si nombreux qu’ils en sont devenus un prétexte « facile » pour les autorités pour expliquer les embouteillages de la capitale et sa circulation catastrophique. Prétexte et alibi pour elles pour interdire alors aux Rickshaw-Wallahs certains accès dans la capitale et se lancer sans délicatesse dans la démolition des rickshaws illégaux.

 

Chaque rickshaw doit posséder une licence. Celles-ci sont parfois illicitement copiées. Des contrôles sont parfois effectués par les autorités. Les rickshaws sans licence sont alors confisqués. Ils sont entreposés dans des no man’s lands et laissés à l’abandon.
            

(http://www.carnet-rickshaw.com/5-categorie-10511140.html)
Il semble cependant que certains d’entre eux soient restaurés puis remis selon certains critères à des personnes sans revenu habitant les campagnes ayant formulé une demande auprès des autorités.

 

Le coût d’un rickshaw est de 12000/14000 takas environ (130 / 150 Euros). La très grande majorité des Rickshaw-Wallahs louent leur rickshaw au Bangladesh. Rares sont ceux qui en sont propriétaires. Certains d’entre eux en sont devenus propriétaires grâce à la contribution financière d’un « client » étranger.

 

Les Compagnies de rickshaws à Dhaka sont souvent très bien organisées. Sur un même lieu, on trouve :

- un ou plusieurs mécaniciens entretenant le parc des rickshaws. Ils sont payés par le « boss » de la compagnie

 

              
- un ou plusieurs « dortoirs » à l’attention des rickshaw wallahs louant leur rickshaw à la Compagnie. Ces « dortoirs » sont situés en hauteur, au dessus du parc-garage des rickshaws. Il s’agit d’un plancher bois, à l’air libre, couvert d’une toiture métallique. Les rickshaw wallahs dorment là, allongés les uns à cotés des autres. La nuitée est gratuite.

           

- un espace pour prendre les repas : un cuisinier se charge des achats et de préparer les repas des rickshaw wallahs. Il est secondé parfois par sa femme, ou par des femmes habitant le quartier de la Compagnie. Il n’est pas payé par le « boss » de la Compagnie. Il sollicite les rickshaw wallahs souhaitant prendre leur repas. C’est de cette somme quémandée qu’il tirera profit pour son salaire .

          

- un espace pour la toilette des rickshaw wallahs : une fontaine dans un coin de la cour permet aux rickshaw wallahs de faire leur toilette. Ils font leur toilette habillés, gardant leur lungi. Il n’y a aucune « intimité » possible dans cette vie en communauté. Des cabinets de toilette fermés des plus rudimentaires, sont à leur disposition. Les conditions d’hygiène sont très très précaires, les odeurs nauséabondes.

           

De telles Compagnies ne semblent exister qu’à Dhaka. En milieu rural, ou dans les autres villes du Bangladesh, les Compagnies ne semblent assurer que la location et l’entretien du rickshaw.

 

Certains rickshaw wallahs ne travaillent qu’à la demi journée. Le rickshaw est ainsi loué sur 24 heures à deux rickshaw wallahs. Le coût de la location s’en trouve divisé par deux.

Certains préfèrent travailler la nuit, le coût des commissions étant doublé.

 

La vie en communauté n’étant pas des plus faciles (ce sont parfois plus de 100 rickshaw wallahs qui sont hébergés dans les Compagnies), certains d’entre eux préfèrent vivre et dormir dans la rue.

 

En province, dans les campagnes notamment, les maleks (propriétaires de rickshaw) n’ont parfois que deux ou trois rickshaws à louer. Ils ont un « job » autre à coté. Cette activité n’est pour eux qu’un moyen substantiel « d’arrondir » leurs fins de mois.

 

Il est semble-t-il nécessaire à Dhaka de « parler » anglais pour se tenir à proximité des hôtels fréquentés par la clientèle étrangère. Il semble que ce soit là le critère de « sélection ». Il existe une différence « notable » des conditions de vie entre les rickshaw wallahs qui travaillent auprès de ces établissements et les autres. Les courses avec les « foreigners » se font payer plus chères

 

Des cuisiniers assurent les repas du milieu de journée dans les rues de Dhaka, pour les rickshaw wallahs qui ne retournent pas à leur Compagnie, ou pour tout autre personne. Le coût est de 30 takas environ (riz, viande, dal)

      

 

Les Rickshaw-Wallahs sont parfois amenés à faire de nombreux kilomètres. Un rickshaw wallah de retour d’une course m’a ainsi accompagné pendant 30 kms. Il aura parcouru 60 kms dans sa journée.

 

Les Rickshaw-Wallahs que j’ai rencontrés: 

- Ils ne savent souvent ni lire, ni écrire

- Ils sont devenus rickshaw wallahs parce qu’ils ne savent et ne peuvent rien faire d’autre disent-ils

- Ils se plaignent

     de la difficulté physique à pédaler

     des conditions de circulation (pollution, risque d’accident…)

     de la difficulté de se faire payer par les clients quels qu’ils soient (bangladeshis ou étrangers)

     de la police avec qui ils ont des relations « ambiguës »

     de la difficulté de leurs conditions de vie (nuitées, repas…)

     du peu d’argent gagné

     d’être mal considérés par leurs concitoyens

 

Tarif de location – Salaires :

Suite à mes rencontres et aux croisements d’informations, un rickshaw se loue sur Dhaka de 80 à 100 takas la journée suivant l’état du rickshaw. Le tarif de ces locations est divisé par deux en province, variant de 30 à 40 takas.

Un Rickshaw-Wallah peut espérer gagner autour de 400 Takas dans une journée sur Dhaka (il doit retirer le tarif de sa location sur ces 400 takas). 

 

Je me suis rendu compte en sillonnant les routes du Bangladesh,  combien les Rickshaw-Wallahs sont essentiels à l’économie du pays. Leur nombre, tant en milieu rural qu’en milieu urbain est proprement « hallucinant », inimaginable. C’est là le signe qu’ils pallient sans doute aux insuffisances des moyens de transports (transport en communs et fret de marchandises) et qu’ils sont d’un coût abordable pour la population bangladeshie.

Les transports en communs étant encore mal organisés et de mauvaises qualités (correspondances aléatoires, prix « fluctuants », confort inexistant…), les bangladeshis ne sont pas près à abandonner les déplacements en rickshaw, si bien même les autorités prennent des mesures radicales visant à interdire dans les villes certaines rues aux rickshaw wallahs. La suppression des rickshaws serait ainsi un non sens pour bon nombre de bangladeshis.

 

Ps :  1 euros = 96 takas (nov 2008)

                            Pour en savoir plus:


Portrait de Rickshaw-Wallah :
http://www.carnet-rickshaw.com/1-categorie-10511140.html
http://www.carnet-rickshaw.com/7-categorie-10511140.html
http://www.carnet-rickshaw.com/8-categorie-10511140.html

Le quotidien d'un Rickshaw-Wallah:
http://www.carnet-rickshaw.com/3-categorie-10511136.html
http://www.carnet-rickshaw.com/10-categorie-10511136.html


Jean-Louis


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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 00:01

Tout comme au Bangladesh, les rickshaws sont si nombreux en Inde que les autorités les rendent « avec aisance », responsables des  embouteillages et de la circulation catastrophique des grandes métropoles indiennes. C’est pourquoi certaines voies, certains quartiers de celles-ci leur sont interdits.

 

Depuis quelques mois, les autorités indiennes se sont attaquées à la mise en place d’une réglementation pour la circulation des rickshaws. Il semble qu’il soit officiellement nécessaire de posséder une licence pour chaque Rickshaw-Wallah et d’avoir une immatriculation pour chaque rickshaw. Dans les faits, bon nombre de rickshaws et de Rickshaw-Wallahs circulent sans aucun de ces agréments.

          
 
Le coût d’un rickshaw est de 7000/8000 roupies environ (110 / 130 Euros). La grande majorité des Rickshaw-Wallahs louent leur rickshaw en Inde. Des Rickshaw-Wallahs sont propriétaires de leur rickshaw grâce à des prêts accordés par des banques.

         

 

Contrairement à Dhaka, les Compagnies de rickshaws à Delhi se contentent souvent de louer les rickshaws et ne s’en tiennent qu’à ça. Certains Rickshaw-Wallahs louent alors une « room » pour se loger, un bien grand mot quand il s’agit de garage à vélos...
 
D’autres vivent dans la rue. Ils utilisent alors les sanitaires mis à la disposition des sans abris par les autorités. On peut y prendre une douche (tuyau d’eau froide mis à disposition) pour 3 roupies, y laver le linge pour 2 roupies le vêtement.

         

Ils dorment alors souvent ensemble dans la rue, à plusieurs, les uns à cotés des autres, pour éviter les vols et agressions. En effet, des sortes de « gang » s’attaquent à eux, leur dérobent leur rickshaw pour les revendre pour un prix modique à des « maleks » peu scrupuleux.

         

D’autres pour autant, préfèrent la solitude et dorment sur leur rickshaw
             

 

J’ai rencontré beaucoup de Rickshaw-Wallahs originaires du Bihar, un des états les plus pauvres de l’Inde, et de l’Uttar Pradesh. J’en ai aussi rencontré originaires du Bangladesh. Certains viennent du Népal dixit certains Rickshaw-Wallahs.

Tous ces hommes, ces jeunes gens parfois, quittent alors leurs proches et s’en vont faire Rickshaw-Wallah à tel ou tel endroit, toujours parce qu’ils y ont un « friend ». Il semble parfois que le « friend » s’apparente davantage à un « recruteur » qu’à un « ami ».

 

Les Rickshaw-Wallahs que j’ai rencontrés sont devenus Rickshaw-Wallahs parce que « no job in India ! » me disent ils. Ils viennent de différents horizons sociaux. Certains d’entre eux sont brahmans. Il semble que Rickshaw-Wallah soit un job « facile » à avoir en Inde.  On l’obtient parce qu’on a été recommandé auprès d’un malek  par un « friend » ou un autre Rickshaw-Wallah. Les maleks recrutent encore.

 

En « province », beaucoup de Rickshaw-Wallahs ne savent ni lire ni écrire. Ils sont moins nombreux dans les grandes villes.

J’ai été très surpris de m’entendre dire souvent par des Rickshaw-Wallahs, que leur job est « no difficult ». Ils avaient un job, « point final ! », et ils étaient alors « satisfied », « satisfied » parce qu’ils avaient là de quoi manger, pour eux, pour leur famille. Après discussion, je m’apercevais qu’il n’y avait chez eux aucune « prise de recul » par rapport à leur situation, aucun sentiment de « révolte ». J’ai trouvé cette « approche » exclusivement en Inde, quasiment jamais au Bangladesh.

 

Tarif de location – Salaires :

Les Rickshaw-Wallahs rencontrés « en province » louent leur rickshaw de 20 à 30 roupies la journée, en gagnent 100 à 120 par jour. Leur salaire peut  augmenter sur les lieux touristiques. Ainsi, ils peuvent espérer gagner jusqu’à 200, 300 roupies à Varanasi, Agra ou Delhi pour une location du rickshaw à 40 roupies.

 

J’ai eu bien « du mal » à « rencontrer » les Rickshaw-Pullas à Calcutta. Il n’ y a pas de vélo-rickshaw dans le vieux Calcutta. Ce sont donc des hommes qui tirent avec leurs bras des charrettes de bois sur lesquelles prennent place les passagers.

                  

Cela semble d’un autre temps, d’un autre monde. Pourtant, les indiens les utilisent beaucoup. J’ai eu beaucoup de mal « culturellement » parlant à en prendre. Il m’a fallu une semaine avant de monter sur un tel véhicule…Je quittais Calcutta le lendemain…

 

Contrairement au Bangladesh, les Rickshaw-Wallahs sont peu nombreux sur les grandes routes principales. Je ne les ai rencontrés que dans les villes et les villages traversés. Au regard de la circulation, le transport des personnes et le fret des marchandises sur les courtes distances semblent être assurés en Inde par camions et bus, et non par rickshaw comme au Bangladesh.



Ps : 1 euro = 62 roupies (mars 2009)


                                     Pour en savoir plus:

Portrait de rickshaw wallah :
http://www.carnet-rickshaw.com/10-categorie-10511140.html

La presse relaie le voyage et donne la parole aux Rickshaw-Wallahs :
       
http://www.carnet-rickshaw.com/19-categorie-10511136.html


Jean-Louis

 

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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 23:59

Vous trouverez ici une rubrique consacrée aux Rickshaw Wallahs et à leurs conditions de vie. Par le biais de Nouvelles, vous découvrirez leur quotidien..  Ces nouvelles ont été écrites par différents voyageurs qui souhaitent témoigner de la condition de ces hommes.  

Si vous aussi vous souhaitez participer à cette rubrique en évoquant vos rencontres avec les Rickshaw Wallahs, des hommes qui vous ont étonné par leur courage, leur dignité, leur abnégation, n’hésitez pas à me contacter. Vos témoignages seront mis en ligne. C’est aussi là le sens de ce blog.


Jean-Louis
 

 
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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 00:06

A Bénarès, il est une rue qui descend doucement en serpentant,
Une artère où se répète chaque jour un événement extraordinaire.
Le soir venu, à l'heure où la nuit se pose, où la lumière des échoppes
Fait briller bracelets, pans de soie, et ustensiles variés,
Les habitants de la cité rentrent chez eux, empruntant
Les nombreux rickshaws qui descendent le long de cette avenue.
Les vélo-rickshaws de Bénarès ont une particularité étonnante,
Une sonnette placée sur la roue qui, par l'effet des rayons venant la frapper,
Produit quand on l'active une sonnerie continue et harmonieuse.
Du flot incessant des conducteurs de rickshaws avertissant de leur présence
Se répandait alors un carillon qui inondait la nuit de sa pureté,
Et remplissait la rue d'une atmosphère sonore féerique à nulle autre pareille.
Là, dans cette rue tout près du Gange sacré,
Des hommes simples, parmi les plus pauvres,
Nous offraient par le simple fait de pédaler
Une nuée de sons, cascades et tintinnabulements,
Composant une symphonie
Dont la splendeur ravive encore aujourd'hui ma mémoire endormie.
La musique céleste des rickshaws-wallahs de Bénarès. 

Alain Joly

Retrouvez Alain sur http://perso.orange.fr/alainjoly1 
Une évocation personnelle de l'Inde à travers textes, photos et poèmes,fruit de 20 années de passion pour ce pays depuis son 1er voyage. Un site incontournable.
Incontournable aussi pour ses nombreux sites liens mentionnés en rapport avec l'Inde.
  
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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 00:05
« Le métier n’a plus d’avenir. La concurrence des autorickshaws marquent le glas de ces êtres dépenaillés, maigres alcooliques et fatigués que sont les drivers de rickshaws. Pour quelques roupies de plus ils vous mènent plus rapidement ou vous le souhaitez. Pondichery compte aujourd’hui près de 15 OOO de ces rickshaws motorisés contre une dizaine de milliers de rickshaws vélos. Ces derniers, malgré leurs faibles moyens tentent pourtant de se fédérer afin de lutter efficacement contre leurs ennemis presque héréditaires. Les drivers d’autorickshaw empiètent allègrement sur le territoire de Sekar récupérant par exemple nombre de clients sortant du restaurant sans que personne ne puisse légalement intervenir.   Le groupe de Sekar a consulté un avocat au conseil avisé, semble t-il. Il suffit de placer une borne sur la chaussée matérialisant leur aire de prises en charges. De fait un autorickshaw chargeant un client à cet endroit serait en infraction, sauf dans le cas ou aucun rickshaw ne serait présent. Sekar et son groupe ont lancé une pétition auprès de leurs habitués afin de récolter les 1000 rupees nécessaires à une telle opération. Dans la tirelire déjà 400 rupees, un donateur anonyme ayant décidé de régler le solde. Les rickshaws retrouvent le sourire, d’autant que les sœurs, propriétaires du bout de trottoir servant de base au groupe, acceptent sans problèmes l’installation d’un tel panneau. Déterminante, la solidarité du groupe permet la réalisation d’un projet dont la finalité était loin d’être acquise. Tous hors castes, ces aridjan (nom donné aux intouchables par Ghandi, littéralement « les enfants de dieux ») s’organisent hors syndicats, afin de préserver leur gagne pain. Une belle leçon de ténacité symbolisée par l’inauguration très simple de la borne, un soir de février…. »
 
Didier
 
 « Un autre regard sur l’Inde »…
Un tout autre regard sur ce pays, loin des clichés. Vous partirez avec Didier à la rencontre authentique de « personnages anonymes mais attachants » .
Un incontournable
 
Vous trouverez aussi les photos de Didier, ses créations graphiques, ses expositions, etc sur http://www.imagoadgraphicum.com
 
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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 00:04
Une case humble 
 
« Dans son quartier de Vandrapet en périphérie de Pondy, Sekar dispose d’un terrain de 25 mètres carrés. Il a offert la moitié de cette surface à sa sœur et sa famille afin qu’ils puissent bâtir leur case et vivre à l’abri. Même dans les couches les plus malheureuses de la population, la solidarité familiale reste forte. Son espace vitale se résume donc à un peu plus de 12 mètres sur lesquelles ils vivent à 5. L’an dernier, l’un de ses clients étrangers, lui a fait parvenir 200 euros, somme en partie utilisée pour couler la chape de ciment isolant l’intérieur des remontées d’humidité. Cette année il espère un autre don, plus modeste mais suffisant pour changer les murs en feuilles de cocotier détériorés, au gré des saisons, par 5 ans de soleil ardent et de pluies diluviennes. Sekar vit continuellement dans l’incertitude du lendemain. La case très humble, n’en reste pas moins propre et arrangée avec rationalisme. Dans le quartier, il est connu pour être un gars honnête et travailleur, mais le soir venu il me confie que beaucoup de problèmes surgissent dans les ruelles entre voisins et se règlent toujours par de violentes bagarres à la hauteur de l’alcool ingurgité. La police intervient régulièrement ici, toujours en nombre. 

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Les forces de l’ordre ne prennent aucun risque, tant Davidpet reste à la hauteur de sa réputation. Les choses évoluent doucement pourtant. Dans quelques jours l’accès principal sera entièrement bitumé et quelques ruelles bétonnées. (l’approche des élections semblent être à l’origine de cette bonne nouvelle pour les gens du quartier). De plus Sekar a un motif de satisfaction supplémentaire…Bientôt, l’eau arrivera devant sa porte, via un simple robinet, mais finies les corvées d’eau pour sa femme. Un luxe presque inimaginable dans ces cités populaires ou les femmes parcourent des centaines de mètres avec leurs récipients afin de ramener le précieux liquide à la maison. Les conditions de vie semblent donc légèrement s’améliorer, de quoi redonner du dynamisme à Sekar,
Mais très lucide, il n’en garde pas moins la têtes sur les épaules…il sait que le mot espoir n’est plus dans son vocabulaire…. »

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Propriété
 
« Sekar, comme de très nombreux aridjan (paria), dispose d’un acte de propriété pour un terrain sur lequel il a installé sa case faite de torchis et couverte, en guise de toiture, de feuilles de cocotiers séchées. Pas d’eau, un branchement sauvage pour l’électricité, alimentant une ampoule et une prise, une dalle en ciment sur le sol…le strict minimum, mais au moins l’assurance de dormir à l’abri du regard des autres. Ces actes de propriétés (pata) ont été délivré gratuitement dans les années 80 par le gouvernement central de Dehli afin de centraliser les millions de pauvres errants dans les rue des grandes villes. Les terrains octroyés se situent toujours dans des zones insalubres, impropres à toutes cultures. Agglutinés en périphérie des centres urbains, ces bidonvilles s’étendent parfois à perte de vue. Le pata a valeur juridique sauf quand l’état décide de déloger des centaines de familles pour établir sur ces terres des infrastructures de génie civile ou routières. Les bulldozers détruisent en quelques minute ce que certains ont mis 20 ans à bâtir… Les aridjan se verront octroyer de nouveaux pata sur des terrains situés à plus de 20 kms . Sekar a vécu dans l’incertitude de nombreux mois durant, mais aujourd’hui il respire. Lui et sa famille évitent l’expropriation régie par cette oukase. ( récupération des terrains par les pouvoirs publiques afin d’augmenter la capacité de la gare ferroviaire). »
 
Didier 

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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 00:03
« 13 ans déjà qu’il sillonne les rues de Pondichery. 13 ans qu’il trimballe le client au gré de son besoin, de son envie, de sa fantaisie. 13 ans qu’il s’éreinte à tirer son rickshaw ( prononcez rickcha) pour de la roupie de sansonnet. Monté sur 2 jambes maigres mais aux muscles noueux, il enchaîne les quotidiens sans espoir de lendemains qui chantent. Pourtant il accueille les gens avec l’expression de ce visage si particulier, fait de gentillesse, de mélancolie et d’attention. Marié, 3 filles encore jeunes, Sekar n’a pas d’espérance.
 
LA BANDE DE SUFFREN STREET
 
Depuis plusieurs années, Sekar et ses copains contrôlent un bout de trottoir à l’angle des rues Bussy et Suffren, à hauteur du Rendez-Vous, restaurant haut de gamme de la ville blanche. Ils règnent sur un territoire de quelques pâtés de maisons étroitement protégés afin d’éjecter la moindre concurrence. Emplacement stratégique, ils chargent autant de locaux que d’étrangers, dont la course est systématiquement majorée de 5 à 20 rupees. (Prix normal d’une course en ville, 15 rupees). Les bons jours le chiffre d’affaire atteint 100 rupees ( 2 euros) salaire de 15 à 16 heures de travail. Sekar escompte toujours un petit pourboire . Il ne réclame jamais, comme le font certains, mais ne se fait plus d’illusions sur les largesses supposées des voyageurs blancs, usant du rickshaw comme d’un souvenir exotique. Parfois le temps s’égrène sans âme qui vive, pas même un habitué. Alors il faut emprunter les 15 rupees nécessaire à la location journalière de l’outil de travail. A 7000 rupees le rickshaw, peu espèrent devenir propriétaires.
Sekar a débuté en solo sur celui de son père… très vite revendu ( 3000 rupees) pour financer la réfection de la toiture de sa maison. Aujourd’hui il rame dur en pédalant pour tenter de remplir les feuilles de bananier de sa petite famille, le soir venu. Chapatis, poori, parota et riz, le menu traditionnel mais jamais garanti.
Chevreaux, poulets et poissons relèvent plus de l’utopie que de la réalité. Mauvaise alimentation et efforts intenses, la pauvre recette de l’extrême fragilité de ces hommes, méprisés par leurs contemporains notamment des pouvoirs publics et des drivers d’autorickshaw. Un mépris encaissé avec un fatalisme teinté de soumission. 

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DES…ESPOIRS.
 
Livrés à eux-mêmes sans réelle législation les protégeant, les rickshawmens noient leur désespoirs dans l’arak, un alcool très bon marché et de mauvaise qualité. L’alcoolisme touche la totalité de leur corporation. Le seul moyen d’après Sekar, de tenir et d’oublier un peu leur condition. De plus, la drogue joue un rôle non négligeable dans leur vie. Pas mal en usent, d’autres en vendent, (souvent les deux) de quoi arrondir les fins de mois de quelques roupies supplémentaires. Sekar pratique le deal a la sauvette et prends ces quelques rupees de commission. Pas de quoi ajouter des protéines dans les lipides, mais d’acheter peut-être, un nouveau tissu a sa fille ou à sa femme. Malgré ces dénégations il semblerait qu’il use régulièrement de psychotropes plus puissants que l’arak. Il n’est pas rare de le croiser dans les rues de la ville ou il dégage, parfois, certains troubles fonctionnels. Sur le long terme, tous reconnaissent l’utilisation de substances afin de tenir la cadence. Les courses moins nombreuses, le métier périclite. Sekar se bat malgré tout avec en ligne de mire l’envie de voir ses filles faire des études, décrocher un job de fonctionnaire et s’installer dans des quartiers plus tranquilles. Très réaliste il n’a pas d’autres ambitions.
Au delà de l’avenir de ses filles, l’ inquiétude majeure reste la maladie. Bloqué dans sa hutte et c’est une journée voire plusieurs sans revenus. Une calamité, même si l’aide sociale, encore balbutiante en Inde, lui octroi une carte de gratuité pour les aliments de base, riz sucre et huile.
Sekar, conscient de la grande précarité de son statut, envisage avec ses camarades, un recyclage dans les métiers du bâtiment, secteur d’activité très physique, mais en pleine expansion. Ce phénomène a déjà affecté Fort-Cochin dans le Kérala, ou plus un seul rickshaw ne parcourt la ville, écrasé par la suprématie de la concurrence. Beaucoup de rickshawmens se sont tournés vers d’autres activités, moins lucratives parfois, c’est peu dire, mais ils n’ont pas d’autres choix. (1)

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23 ans, handicapé de la jambe gauche (tendon sectionné lors d’une rixe dans son quartier), toujours à la recherche des rupees manquantes pour boucler la journée ou réaliser des travaux prioritaires dans sa case, dédaigné par beaucoup de ses contemporains, alcoolique et drogué, pauvre et sans espérances, Sekar rentre la tête dans le guidon et traverse son karma à la vitesse d’un vélo couinant et usé jusqu’à la corde, rayonnant de courage dans ce travail de taxi aux abois. Une magnifique leçon d’humilité pour n’importe quel étranger prenant le temps d’observer la vie, dans ce pays pas tout à fait comme les autres. Une façon de remettre ses propres pendules à l’heures ». 
 
Didier
 
     Portrait : « Hamsa le colporteur »
 
« Un autre regard sur l’Inde »…
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